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Les grandes manœuvres pour l’avenir de la Pac commencent

Emmanuel Macron (France), Pedro Sánchez Pérez-Castejón (Espagne) et Nikos Christodoulides (Chypre), lors d’un Conseil européen en octobre 2025.

Les Vingt-Sept engagent les premières discussions de fond sur le cadre financier pluriannuel (CFP) 2028-2034. Derrière ce terme technique se joue notamment l’enveloppe de la prochaine Pac. Face aux propositions de la Commission européenne, la France aborde ces échanges avec inquiétude.

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Ukraine, tensions géoéconomiques… Dans un agenda dense, les chefs d’État et de gouvernement réunis les 18 et 19 décembre 2025 à Bruxelles consacreront également leurs discussions à un enjeu clé pour les agriculteurs : l’architecture financière de l’Union européenne pour 2028-2034. C’est ce cadre qui déterminera si les aides directes à l’hectare, les soutiens à l’investissement, les mesures agroenvironnementales… seront maintenus, réduits ou transformés.

Comme l’a précisé l’Élysée lors d’un échange avec la presse le 16 décembre 2025, il s’agit de « la première discussion de fond sur ce prochain cadre financier pluriannuel ». À ce stade, les débats porteront sur l’architecture globale et les principes de gouvernance, mais pas encore sur les montants précis — une phase réservée aux étapes ultérieures de la négociation.

La crainte d’une « renationalisation »

La France aborde ce rendez-vous avec une ligne rouge : elle refuse tout détricotage de la Pac. Paris craint que la Commission européenne, dans sa quête d’économies ou de simplification, ne propose un modèle où chaque État gérerait son enveloppe agricole selon ses propres règles. Ce qui fragiliserait le caractère commun de cette politique.

Selon l’entourage du président de la République, la France veut « conserver une politique agricole qui soit véritablement commune », sans fragilisation des définitions qui fondent la Pac et qui doivent rester partagées entre tous les États membres. Elle s’inquiète notamment de propositions circulant à Bruxelles sur les cofinancements.

Le risque ? Que l’Union européenne réduise sa part, obligeant les États membres à mettre davantage la main à la poche pour compenser. Une hypothèse périlleuse pour certains pays en proie à des difficultés budgétaires nationales, comme la France.

L’objectif d’Emmanuel Macron sera donc de verrouiller le budget européen pour qu’il reste le garant premier du revenu agricole, tout en inscrivant un « principe de préférence européenne » dans les volets compétitivité et défense du futur cadre financier pluriannuel. Paris entend aussi obtenir « des clarifications et des garanties » sur la capacité de l’Europe à « reconstituer et maintenir les enveloppes d’aide au revenu ».

Un cadrage pas du tout définitif

Le Conseil européen des 18 et 19 décembre ne gravera pas encore dans le marbre ce que sera la Pac post-2027. Il dessinera les premiers contours et les règles du jeu de la négociation à venir. Mais ces premières orientations politiques données par les chefs d’État et de gouvernement structureront « très profondément les politiques de l’Union européenne » pour les six années suivantes, comme l’a rappelé l’Élysée.

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